ARTICLE 19 accueille favorablement le lancement du premier conseil de presse effectif et indépendant dans la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord, à l’initiative des professionnels en partenariat avec la société civile en Tunisie, et exprime son souhait pour que ce Conseil joue un rôle important dans la défense de la liberté de la presse, pour garantir le droit du public à l’information et pour renforcer le principe « d’autorégulation » auprès des journalistes et des médias en Tunisie.
La composition du comité constitutif du Conseil de Presse a été annoncée aujourd’hui jeudi 20 avril 2017 à Tunis, et qui prendra en charge les phases suivantes pour la constitution de cette instance jusqu’à sa mise en place officielle par la ratification de ses statuts et de la charte de référence pour la déontologie du métier de journaliste.
Le comité constitutif comprend des membres qui ont été choisis par consensus par le Syndicat National des Journalistes Tunisiens, l’Association des Directeurs de Journaux, le Syndicat Général de la Communication affilié à l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (centrale syndicale), le Syndicat Tunisien des Directeurs des Institutions de Presse et la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme qui représente le grand public.
La directrice de l’organisation ARTICLE 19 pour l’Afrique du Nord et le Moyen Orient, Saloua Ghazouani a déclaré à ce propos « Nous saluons l’annonce de création du comité constitutif du Conseil de Presse, et nous souhaitons que cette importante étape sera suivie par d’autres, à travers lesquelles toutes les parties concernées, journalistes, médias, société civile et autorités publiques, puissent exprimer leur engagement dans ce processus et leur soutien à la mise en place d’une structure pour l’autorégulation des médias, qui jouera le rôle du tribunal d’honneur pour les journalistes, pour défendre la liberté de presse, et pour assumer un rôle important, celui de garantir l’information au grand public, comme stipulé par l’Article 32 de la Constitution Tunisienne ».
« ARTICLE 19 espère que les autres pays de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient suivront l’expérience tunisienne qui est unique dans la région » a encore ajouté Mme Ghazouani.
ARTICLE 19 a noté que le lancement du Conseil de Presse en Tunisie « survient dans un contexte sans précédent qui connait de plus en plus de manquements à l’éthique journalistique dans plusieurs médias audiovisuels, écrits et électroniques en Tunisie ».
L’organisation a appelé à « mentionner dans le nouveau Code de Presse en Tunisie la reconnaissance du Conseil de Presse pour que son budget puisse bénéficier partiellement de fonds publics, ce qui pourra assurer la pérennité et l’efficacité de ses activités ».
Les Conseils de Presse dans les démocraties établies, jouent un rôle essentiel pour renforcer le respect de la déontologie professionnelle, pour encourager les bonnes pratiques journalistiques, et limiter les dérapages dans lesquels peuvent tomber aussi bien les journalistes que les médias.
ARTICLE 19 a noté que « le Conseil de Presse tunisien peut encourager les médias et les journalistes à adopter les meilleures pratiques dans le traitement de certains sujets qui présentent des défis, à l’instar du suicide, du terrorisme, des problèmes domestiques ou encore d’autres sujets ».
Elle a souligné « l’importance à ce que le Conseil mette en place une charte pour la déontologie de la presse qui constituera un document de référence pour le traitement de plaintes relatives à la violation par les médias des principes déontologiques, en l’appelant à publier cette charte au grand public pour qu’il puisse s’y référer en déposant les plaintes ».
ARTICLE 19 a encore insisté sur l’importance de « l’autorégulation » qui évitera aux journalistes et aux médias de tomber sous le coup des lois régissant la liberté de presse et d’expression ou encore de comparaitre devant les tribunaux.
Le Conseil de Presse joue également un rôle primordial dans la résolution des conflits inhérents à la pratique de la fonction de journaliste sans pour autant recourir à la justice.
Le Conseil joue le rôle d’intermédiaire pour éviter aux médias des poursuites et des condamnations aux coûts considérables et qui peuvent parfois même, mettre au péril la survie des médias poursuivis, comme elle peut éviter aux plaignants d’interminables procédures judiciaires.
Il est à noter que depuis la création du premier conseil de presse en 1916 en Suède, la plupart des pays démocratiques au monde se sont dotés de leurs conseils de presse, alors que la région de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient est restée à la traîne.
ARTICLE 19 renouvelle sa disposition à fournir toute l’assistance technique et juridique requise par le comité constitutif du Conseil de Presse en Tunisie ainsi qu’aux structures concernées par la création de ce Conseil.