Togo : la répression des médias étrangers avant les élections, est une préoccupation majeure

Togo : la répression des médias étrangers avant les élections, est une préoccupation majeure - Media

le journaliste français Thomas Dietrich

ARTICLE 19 exprime sa profonde inquiétude quant aux récentes mesures prises par les autorités togolaises à l’encontre de la presse étrangère, à quelques jours seulement des élections législatives prévues le 29 avril. Un journaliste étranger a été expulsé du Togo après avoir été violenté, et l’Autorité de régulation des médias du Togo, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), a suspendu l’accréditation des médias étrangers, interdisant à France 24 et à Radio France Internationale (RFI) de couvrir les activités politiques. Ces mesures exacerbent nos inquiétudes concernant la liberté d’information et le pluralisme des médias au Togo. En vue des élections, ARTICLE 19 appelle les autorités togolaises à respecter leurs obligations en garantissant le droit à la liberté d’expression, la liberté de la presse et l’accès à l’information.

Nous sommes particulièrement préoccupés par les récents incidents, notamment l’arrestation violente du journaliste français Thomas Dietrich, suivi d’un procès expéditif le condamnant à six mois de prison et à son expulsion du pays. Nous exhortons instamment les autorités togolaises à respecter les normes internationales en matière de liberté de la presse et à garantir un environnement sûr et propice au journalisme, tant pour les médias nationaux qu’étrangers.

» L’arrestation arbitraire du journaliste Thomas Dietrich et son expulsion sont des actes de répression et d’intimidation à l’encontre de la presse libre couvrant des sujets sensibles dans l’espace politique « , a déclaré Alfred Bulakali, Directeur régional d’ARTICLE 19 pour le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest.  » La suspension de l’accréditation des médias étrangers ajoute une dimension alarmante à cette atteinte à la liberté de la presse, illustrant un climat croissant de censure et de restriction de l’information indépendante. En pleine période électorale, il est impératif que les journalistes puissent travailler sans craindre d’être persécutés ou expulsés, garantissant ainsi la transparence et la responsabilité dans le processus démocratique.  »  Ajoute Alfred.

Dans une vidéo datée du 14 avril, publiée sur X (anciennement Twitter), le journaliste Thomas Dietrich a exprimé des opinions critiques à l’égard du gouvernement de Faure Gnassingbé, soulevant des préoccupations quant aux projets du gouvernement visant à introduire une nouvelle constitution et à modifier le système de gouvernance du pays. Le journaliste d’ » Afrique XXI  » a publié ses commentaires lors de son séjour à Lomé, où il couvrait les activités politiques et la campagne électorale en cours. Dans son enregistrement, il a fait référence aux obstacles rencontrés avec les autorités togolaises, notant qu’elles l’avaient de plus en plus interrogé, malgré le fait qu’il avait présenté tous les documents légaux demandés et expliqué l’objet de sa visite.

Par la suite, Dietrich s’est adressé à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) pour récupérer son accréditation. Cependant, sa demande a été refusée au motif qu’il aurait dû la présenter en même temps que sa demande de visa. Il a ensuite été appréhendé par la police et agressé lors de son arrestation, selon plusieurs sources.

Le 15 avril, la HAAC a publié une déclaration annonçant  » la suspension temporaire de la délivrance des accréditations « . Cette décision a été prise  » compte tenu des problèmes liés à l’envoyé spécial Thomas Dietrich  » et des  » lacunes graves observées dans la couverture de l’actualité politique au Togo par RFI et France 24 ces derniers jours « , a déclaré la HAAC, sans mention spécifique des contenus en question.

Il est impératif que les journalistes, tant nationaux qu’étrangers, puissent travailler sans craindre de représailles ou d’intimidation, et que les citoyens aient accès à des informations diverses et impartiales pour prendre des décisions éclairées lors des élections.

CONTEXTE

Entre le 25 et le 26 mars, avant les élections législatives et régionales, les parlementaires togolais ont massivement approuvé une nouvelle loi faisant passer le Togo d’un système de gouvernance présidentiel à un système parlementaire. Cette transition implique l’élimination des élections présidentielles, privant ainsi les citoyens de leur droit fondamental de vote. De plus, la nouvelle constitution introduit le rôle de président du Conseil des ministres, doté de l’autorité et de la responsabilité complètes pour la gestion des affaires. Ce changement a été largement condamné par l’opposition, qui le qualifie de  » coup d’État constitutionnel « .

Le paysage médiatique a rencontré d’importants défis, comme souligné ci-dessus, notamment la suspension par la HAAC du journal privé La Dépêche pour trois mois en réponse à un article publié le 28 février. Le directeur du journal a été arrêté le 28 mars suite à la publication d’un article concernant la mort d’un proche collaborateur du président Faure Gnassingbé, puis libéré le mardi 19 avril.

ARTICLE 19 exhorte les autorités togolaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour remplir leurs obligations en vertu de la Charte africaine et d’autres instruments internationaux et régionaux garantissant le droit à la liberté d’expression, à la liberté de la presse et à l’accès à l’information, et à appliquer les principes énoncés dans la Déclaration des principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique (la Déclaration), notamment en matière de non-discrimination fondée sur l’origine nationale ou sociale.

For more information, please contact:

Maateuw Mbaye, Protection and Civic Space Officer, ARTICLE 19 Senegal/West Africa Email: [email protected] Tel: +221785958337

Aissata Diallo Dieng, Office Manager, ARTICLE 19 Senegal/West Africa Email : [email protected] Tel : +221338690322

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Maateuw Mbaye, Responsable de la protection et de l’espace civique, ARTICLE 19 Sénégal/Afrique de l’Ouest E-mail : [email protected]  Téléphone : +221 785 958 337

Aissata Diallo Dieng, Responsable de bureau, ARTICLE 19 Sénégal/Afrique de l’Ouest E-mail : [email protected] Téléphone : +221 338 690 322