“Les nationalistes provoquent une fois de plus la discrimination, la haine et la violence contre des boucs émissaires vulnérables, cherchant à tirer profit des messages de suprématie ethnique ou religieuse […] Le droit international des droits de l’homme est violé et bafoué”.
C’est ce que la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies a averti début 2018, alors que la rhétorique haineuse et discriminatoire dans le monde semblait se normaliser de plus en plus. Ce schéma de « généralisation de la haine » est un problème aggravé par les limitations croissantes de l’espace civique, où les restrictions de la liberté d’expression, de la liberté des médias, de la liberté de manifestation et d’association, en ligne comme hors ligne, empêchent le pluralisme et la diversité du débat public. Le rétrécissement de l’espace civique restreint non seulement la voix des groupes minoritaires et des personnes soumises à une rhétorique haineuse, mais notamment, il limite aussi la liberté de tous de s’exprimer pour contrer ce « discours de haine », cette discrimination et cette violence.
L’intolérance étant plus susceptible de se développer dans des environnements où les droits de l’homme ne sont pas respectés, les réponses à cette situation doivent être fondées sur le respect du droit international des droits de l’homme, en partant du principe que les droits à la liberté d’expression, à la liberté de religion ou de conviction et à l’égalité sont interdépendants et se renforcent mutuellement. La promotion de l’inclusion, de la diversité et du pluralisme est la meilleure prévention et réponse à l’intolérance : il faut davantage de discours pour lutter contre la haine.
Ce compte rendu, qui en est à sa Troisième Edition, examine comment les États et les autres parties prenantes devraient réagir face à la montée de l’intolérance et de la haine dans les sociétés du monde entier, en s’appuyant sur les normes des Nations Unies pour promouvoir l’inclusion, la diversité et le pluralisme.
La Troisième Edition examine de plus près les aspects genrés de la haine, y compris la haine fondée sur la religion ou les convictions, en particulier ses effets disproportionnés et différents sur les femmes et les personnes LGBTQ. Elle examine en outre les liens avec les normes des Nations Unies sur les discours de haine raciste et la haine contre les migrants, qui se recoupent souvent avec d’autres formes de discrimination, notamment sur la base de la religion ou des convictions. De plus, elle considère les actions des États et des entreprises, en particulier celles des réseaux sociaux, pour lutter contre la haine en ligne.
En exposant les fondements des obligations des États en matière de droit international des droits de l’homme pour promouvoir l’inclusion, la diversité et le pluralisme, ainsi que les nombreux plans d’action et engagements mis en place pour guider les États, ce compte rendu montre comment les États et les autres acteurs peuvent lutter efficacement contre la haine tout en promouvant et protégeant les droits à la liberté d’expression, à la liberté de religion ou de conviction et à l’égalité. Ces normes et engagements des Nations Unies fournissent un moyen de lutter contre les phénomènes croissants de haine et d’intolérance, tant pour les gouvernements que pour la société civile.
La mise en œuvre de ces normes et l’engagement avec les mécanismes pertinents des Nations Unies sont essentiels pour promouvoir l’inclusion, la diversité et le pluralisme aux niveaux nationaux et locaux.