ARTICLE 19 condamne fermement l’agression le lundi 28 septembre 2020 vers le siège de la police de la camerawoman Adja Ndiaye du média en ligne Dakaractu, alors qu’elle effectuait son travail. ARTICLE 19 exhorte les autorités à enquêter sur cet incident et à mettre fin à la série d’agressions contre les journalistes.
Fatou Jagne Senghore, Directrice Régionale de ARTICLE 19 Sénégal et Afrique de l’Ouest, a exprimé sa profonde inquiétude face à cet incident :
« Nous sommes choqués d’apprendre que la police a agressé Adja Ndiaye uniquement parce qu’elle faisait son travail. Nous condamnons fermement cette violence qui vise clairement à étouffer la liberté des médias. C’est le travail des médias de collecter et de diffuser l’information. Les responsables de l’application des lois ne devraient jamais les attaquer pour avoir exercé leurs fonctions ».
Il est regrettable que cette attaque contre un professionnel des médias se soit produite lors de la Journée internationale pour l’accès universel à l’information. Il est indispensable que les autorités mettent fin au cycle de violence contre les journalistes. Elles doivent enquêter rapidement et efficacement sur cet incident et prendre des mesures contre les personnes soupçonnées d’en être responsables.
Le lundi 28 septembre 2020, la journaliste Adja Ndiaye s’était rendue près du commissariat de police pour un reportage. Au moment où elle s’apprêtait à quitter les lieux, un agent de police l’a grossièrement interpellée et lui a ordonné de partir. Lorsqu’Adja Ndiaye s’est plainte du traitement infligé, elle a été agressée physiquement, jetée à terre et maîtrisée par les officiers de policiers qui ont également endommagé son matériel. Adja Ndiaye a dû être admise dans une clinique en raison de douleurs au cou, aux côtes et aux coudes.
Se confiant à ARTICLE 19, le rédacteur en chef de Dakaractu, Samba Ardo Bâ, a dénoncé l’agression dont leur reporter a été victime :
« Je condamne fermement l’agression contre Adja Ndiaye dans un pays comme le Sénégal, qui se réclame État de droit et de la liberté d’expression. Aucun responsable de l’application des lois ne doit harceler les journalistes qui exercent leur métier. «
Par ailleurs, il a invité le Ministre de l’intérieur à veiller à ce que de telles attaques ne se reproduisent plus. Les autorités devraient en outre rappeler aux forces de police que le journalisme n’est pas un crime et que le travail des journalistes consiste à informer le public.
La liberté de la presse menacée au Sénégal
ARTICLE 19 exprime ses vives inquiétudes quant à la dégradation de la situation de la liberté des médias au Sénégal. En août 2020, ARTICLE 19 mettait en garde sur la recrudescence des attaques contre les journalistes depuis mars 2020. Ces attaques constituent de graves violations de la liberté de la presse. La sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité sont essentielles pour préserver le droit fondamental à la liberté d’expression, garanti par les normes relatives aux droits de l’homme. Les forces de sécurité doivent à tout moment laisser aux journalistes l’espace nécessaire pour faire leur travail. Au lieu de les brutaliser, elles doivent faciliter l’accès du public à l’information. Elles doivent également accorder une protection particulière aux femmes journalistes dans l’accomplissement de leur travail afin de respecter le droit de la presse et les normes internationales sur la sécurité des journalistes.
En effet, en agressant violemment une journaliste dans l’exercice de son travail, les forces de sécurité ont violé la Constitution du Sénégal, qui garantit la liberté de la presse et la loi sur le code de la presse qui stipule clairement que les journalistes et les techniciens des médias ont le droit d’accéder librement à toutes les sources d’information et d’investigation. Par conséquent, il n’y avait aucune raison pour les forces de sécurité de menacer une femme journaliste simplement dans l’exercice de son travail.
Le Sénégal doit maintenant enquêter et poursuivre les membres de la police impliqués dans cette agression inacceptable afin de démontrer qu’il respecte leurs lois et leurs obligations internationales en matière de protection des journalistes.
La Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique affirme que « les Etats doivent garantir la sécurité des journalistes et autres professionnels des médias ».
Le plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité invite les États à jouer un rôle actif dans la prévention des attaques contre les journalistes en respectant le principe d’une approche sensible au genre. Il invite les États à jouer un rôle actif dans la prévention des attaques contre les journalistes, dans le respect du principe d’une approche sensible à la dimension genre. Il exige des États qu’ils enquêtent et poursuivent effectivement les actes criminels contre la liberté d’expression, sans qu’il y ait prescription pour les personnes coupables de ces actes.
Fatou Jagne Senghore a conclu en appelant le gouvernement sénégalais à mettre fin aux attaques contre les médias :
« Nous ne pouvons pas continuer à compter les victimes d’attaques contre les médias en toute impunité. Le journalisme n’est pas un crime. Les autorités doivent mettre un terme à ce triste phénomène. La promotion de la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité ne doivent pas se limiter à une action après coup. Il faut des mécanismes de prévention et des actions pour s’attaquer aux causes profondes ».
« Dans cette optique, nous demandons instamment au gouvernement de poursuivre les responsables de cette agression contre un journaliste et de celles dénoncées précédemment ; et nous demandons également de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que la protection et la sécurité des journalistes soient effectives dans le pays afin que des violations similaires ne se reproduisent jamais et que toute personne soupçonnée d’infraction soit toujours poursuivie sans exception, » a conclu Fatou Jagne Senghore.
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