La liberté d’expression et l’information sont des éléments clés pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie. La disponibilité et l’accessibilité de l’information promeuvent la transparence, garantissent une meilleure gouvernance et limitent une mauvaise utilisation des ressources et la corruption. L’information donne aux gens la possibilité d’améliorer leurs vies, de participer aux processus de prise de décisions qui les concernent, et d’amener leurs dirigeants à rendre des comptes.
En Indonésie, les parents d’écoliers pauvres et marginalisés ont utilisé la Loi sur la liberté d’information pour amener les écoles à rendre compte de leur manière de gérer leurs fonds. Ils ont ainsi pu revendiquer le droit à une éducation de qualité pour leurs enfants.
Le défi
Selon les régions de ce pays, la mise en pratique des cibles prévues par les Objectifs du millénaire pour le développement est particulièrement inégale, certaines régions isolées et pauvres ayant un retard considérable. En 2005, le gouvernement a lancé des réformes financières dans le domaine de l’éducation pour faire face aux défis en la matière. Celles-ci avaient pour but d’encourager les écoles à maintenir, voire augmenter le nombre d’inscriptions, et leur ont permis de davantage s’exprimer sur la façon dont l’argent qui leur est alloué est dépensé pour répondre aux besoins à l’échelle locale.
Cependant, plusieurs études indiquent que l’absence d’accès à l’information nuit considérablement à l’efficacité de ces réformes. Bon nombre de parents n’avaient pas connaissance des décisions prises pouvant concerner leurs enfants. Bien souvent, les écoles ne prennent pas l’initiative de communiquer les informations relatives aux budgets alloués ou aux dépenses effectuées. Le manque de transparence et de contrôle public signifie qu’il est impossible de savoir si l’argent destiné à l’éducation est correctement réparti et utilisé.
Lier l’accès à l’information et une éducation de qualité
ARTICLE 19 a travaillé en Indonésie avec l’organisation partenaire PATTIRO pour donner à la population locale les moyens de se servir de la Loi de 2010 sur la liberté d’information. Le but était d’obtenir des renseignements sur l’assistance à l’éducation et de participer aux processus de prise de décisions et de contrôle des dépenses. Ce projet ciblait les parents vivant dans les districts défavorisés de Lebak et Serang dans la province de Banten, dont les indicateurs de l’éducation et l’indice de développement humain sont plus faibles que ceux des autres provinces.
Quelque 89 parents de ces deux districts ont appris à utiliser la Loi sur la liberté d’information pour savoir ce qu’il en était du financement de l’éducation de leurs enfants. Ils ont ainsi pu analyser les comptes des écoles. Différents groupes ont vérifié le budget alloué pour les biens et services fournis, et l’ont comparé au coût normal de ces biens et services. Ils en ont également étudié la valeur et la qualité pour évaluer le rapport qualité/prix.
L’issue: des résultats « extraordinaires »
Les parents ont communiqué leurs conclusions aux comités des écoles locales. Ils ont remarqué des anomalies dans les dépenses et leur ont notifié leur intention de continuer de réclamer des données en la matière et de signaler les éventuelles anomalies futures aux autorités.
Leurs demandes d’informations ont également eu des effets plus immédiats et plus personnels. Ainsi, les parents qui n’avaient reçu d’argent pour l’éducation de leurs enfants ont demandé aux écoles quels étaient les critères déterminant qui pouvait bénéficier d’une aide pour les frais de scolarité et l’achat d’uniformes. Ceux qui ont découvert qu’ils remplissaient les critères ont alors exercé leur droit à une assistance à l’éducation auprès des écoles.
Ce projet a parfaitement démontré que ces populations réclamaient des informations. Notre équipe a constaté qu’après certains ateliers de formation sur le droit à l’information, des parents dont les enfants allaient dans d’autres écoles attendaient à la sortie pour demander comment ils pouvaient recevoir la même formation dans leur région.
Les parents des districts de Lebak et Serang ont indiqué se sentir « stimulés » par un sentiment de pouvoir en amenant les autorités locales à rendre des comptes. L’équipe de Serang a rapporté que son contrôle des finances avait eu des résultats « extraordinaires », car les parents n’avaient jamais imaginé pouvoir agir de la sorte.