ARTICLE 19 condamne l’arrestation de six blogueurs de « Zone 9 » et trois journalistes indépendants en Éthiopie, qui sont tous accusés d’avoir travaillé avec des organisations étrangères affirmant défendre les droits humains et reçu de l’argent pour prôner la violence sur les réseaux sociaux. Ces personnes doivent être remises en liberté immédiatement et sans condition. Par ailleurs, nous appelons le secrétaire d’État américain John Kerry, qui se rendra dans le pays le 29 avril prochain, à demander sans délai au gouvernement éthiopien de relâcher tous les blogueurs, militants et journalistes détenus arbitrairement.
Les neuf blogueurs et journalistes ont été appréhendés deux jours après que Zone 9 – un collectif de blogueurs indépendants utilisant les réseaux sociaux pour militer contre la répression politique – a annoncé reprendre ses activités militantes, interrompues lors d’une période de surveillance et de harcèlement accrus. Le contexte de ces arrestations laisse penser qu’il s’agit d’un moyen direct d’empêcher le travail et le militantisme légitimes de ces personnes.
Les six blogueurs – Atnaf Berahane, Mahlet Fantahun, Natnael Feleke, Befeqadu Hailu, Zelalem Kiberet et Abel Wabela – et les trois journalistes – Edom Kassaye, Tesfalem Weldeyes et Asmamaw Hailegorgis, qui travaillent pour le magazine Addis Guday – ont été appréhendés les 25 et 26 avril et sont incarcérés au centre de détention de Maekelawi, à Addis-Abeba.
« Ces charges prouvent une nouvelle fois que l’Éthiopie se dirige vers un mépris total des droits humains. Ces blogueurs et journalistes ont été amenés au tribunal un dimanche, sans bénéficier d’une représentation juridique, ce qui montre bien que le gouvernement est déterminé à les déclarer coupables de fausses accusations, a déclaré Henry Maina, directeur d’ARTICLE 19 Afrique de l’Est.
« Quelques jours avant l’Examen périodique universel de l’Éthiopie aux Nations unies, et alors que le pays se prépare aux élections de mai 2015, ces arrestations font malheureusement comprendre qu’il n’y est pas permis d’avoir des opinions différentes, a-t-il ajouté. Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle de ces personnes, et exhortons le gouvernement éthiopien à cesser de chercher à intimider et de harceler les journalistes et les militants. »
ARTICLE 19 a constaté qu’en se soumettant à l’UPR, l’Éthiopie n’avait mis en œuvre aucune des recommandations acceptées lors de l’examen de 2009, et que la situation de la liberté d’expression et d’information s’était détériorée au lieu de s’améliorer. Les délégations étatiques doivent donc saisir cette occasion pour demander au gouvernement éthiopien de respecter ses obligations en matière de protection et de promotion de la liberté d’expression. Plus particulièrement, nous invitons les États à engager l’Éthiopie à mettre un terme aux actes d’intimidation, au harcèlement, à l’arrestation et à la détention de journalistes, y compris ceux de Zone 9.
Le 3 avril, les services de l’immigration éthiopiens ont détenu un membre du personnel du bureau Afrique de l’Est d’ARTICLE 19 pendant 29 heures, sans que celui-ci puisse bénéficier d’une assistance juridique ou consulaire. Cet homme a ensuite été renvoyé au Kenya et informé qu’il serait emprisonné s’il revenait dans le pays. ARTICLE 19 était l’une des dernières organisations de défense des droits humains à agir en Éthiopie et à fournir des informations indépendantes au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.