ARTICLE 19 regrette que le gouvernement éthiopien n’ait pas répondu aux profondes inquiétudes des États membres des Nations unies quant à la liberté d’expression dans ce pays. Celui-ci n’a présenté aucun rapport concret lors de l’Examen périodique universel (UPR) visant à améliorer la liberté d’expression, tandis qu’il mène une campagne de répression sans précédent à l’encontre des journalistes et des défenseurs des droits humains.
« La délégation conduite par Berhane Gebre-Christos, ministre éthiopien des Affaires étrangères, a manqué l’occasion de s’engager à prendre des mesures pour renverser la situation des droits humains qui se détériore en Éthiopie. Les membres qui la composent semblent déterminés à minimiser la gravité des violations commises », a déclaré Henry Maina, directeur d’ARTICLE 19 Afrique de l’Est.
En répondant aux questions et aux recommandations de plus de 100 États membres des Nations unies, la délégation éthiopienne a affirmé que le droit à la liberté d’expression et d’association était respecté et qu’aucun journaliste n’était emprisonné dans le pays.
Elle a ajouté que 3 078 associations caritatives opéraient en Éthiopie, mais elle a rejeté les allégations d’organisations de défense des droits humains qui avancent que la Loi sur les sociétés et associations caritatives nuit au développement des ONG.
Les membres de la délégation ont également affirmé que la Constitution éthiopienne prohibait la torture et autres traitements inhumains, et que la Commission éthiopienne des droits humains formait les policiers à respecter les droits des détenus. Ils ont nié avoir recours à la Loi antiterroriste pour réduire au silence les membres de l’opposition et les journalistes indépendants, arguant que ce texte ne servait qu’à protéger le pays.
« Il est malheureux de constater que le gouvernement éthiopien a utilisé l’UPR pour rejeter toutes les informations crédibles communiquées aux Nations unies par des organisation de défense des droits humains concernant les libertés fondamentales dans ce pays. À l’approche des élections de mai 2015, la situation pourrait encore empirer puisque les autorités ne semblent pas intéressées par la promotion des droits humains », a ajouté Henry Maina.
À l’occasion d’un événement en marge de l’UPR coorganisé par ARTICLE 19, CIVICUS, Freedom Now et PEN International, la délégation éthiopienne a déclaré que les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur la liberté d’expression et d’association ne seraient pas autorisés à se rendre dans le pays car ils « [manquaient] d’objectivité ». Elle avait pourtant promis de participer à un « dialogue constructif » avec les Nations unies et ses mécanismes à l’occasion de l’UPR.
ARTICLE 19 appelle les États membres à continuer de faire pression sur l’Éthiopie pour qu’elle respecte ses obligations internationales en matière de droits humains, étant donné qu’aucune mesure n’a été prise pour mettre en œuvre les recommandations adressées lors du premier cycle. L’UPR est un processus unique conduit par les États aux Nations unies, qui donne l’occasion à chaque pays d’expliquer comment il a amélioré la situation des libertés fondamentales sur son territoire ou de faire des recommandations en la matière à l’État examiné, que ce dernier peut accepter ou rejeter.
Nous exhortons les États à continuer de prier le gouvernement éthiopien de mettre un terme à l’intimidation, au harcèlement, aux arrestations et à la détention de journalistes et de défenseurs des droits humains. En tant que membre du Conseil des droits de l’Homme, l’Éthiopie doit être pleinement amenée à rendre des comptes pour les violations des droits humains.