Les semaines précédant la Coupe du Monde 2014 sont marquées par une série de manifestations à travers le Brésil. Des centaines de milliers de Brésiliens défilent pour dénoncer la corruption au sein du gouvernement, l’absence de contrôle des processus de prise de décisions, et les dépenses importantes engagées pour accueillir les matchs, que la population préférerait voir consacrées aux services publics.
Le rapport Brazil’s Own Goal indique que l’État réagit aux manifestations en employant des méthodes de plus en plus répressives et violentes, ce qui serait plutôt digne des années de dictature militaire. La police a recours à des moyens excessifs à l’encontre des manifestants, notamment l’utilisation à l’aveugle de balles en caoutchouc mortelles et de gaz lacrymogène. Un grand nombre de policiers ont été vus enlevant leurs plaques d’identification lors des manifestations et refusant de donner leurs noms à ceux qui le demandaient, pour qu’on ne fasse pas le lien entre leurs actions et eux. Des milliers de personnes ont été appréhendées arbitrairement, et la détention provisoire et la censure préalable sont monnaie courante.
Pour soutenir la répression de la liberté d’expression, plusieurs projets de loi ont été présentés au congrès, visant à punir la participation à ces événements, notamment en alourdissant la sanction pour les infractions liées aux dommages aux biens et aux personnes causés lors de manifestations, et en érigeant en infraction le port de masques dans des défilés ainsi que le blocage de routes publiques.
La Loi générale sur la Coupe du monde, adoptée en 2012, interdit déjà toute manifestation qui ne contribue pas à un événement « festif et amical », ce qui signifie que certains mouvements de protestation, selon leur nature, pourraient être considérés comme illégaux s’ils sont organisés près des stades, dont la plupart se trouvent évidemment dans des zones urbaines densément peuplées.
Le droit de manifester et la liberté d’expression sont protégés par le droit international, et pourtant, le rapport Brazil’s Own Goal montre bien que ces droits sont attaqués dans ce pays. ARTICLE 19 appelle le gouvernement brésilien à protéger le droit de manifester, compris dans le droit à la liberté d’expression, en promulguant une nouvelle loi réglementant le recours aux forces de police pendant les manifestations, et qui serait conforme aux normes internationales.
Ce texte devrait également garantir que le maintien de l’ordre lors de mouvements de protestation ait pour but de protéger le droit du peuple de manifester en toute sécurité, et que les autorités privilégient la négociation au lieu de la répression, comme c’est le cas actuellement.