La liberté d’expression et l’information sont des éléments clés pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie. La disponibilité et l’accessibilité de l’information promeuvent la transparence, garantissent une meilleure gouvernance et limitent une mauvaise utilisation des ressources et la corruption. L’information donne aux gens la possibilité d’améliorer leurs vies, de participer aux processus de prise de décisions qui les concernent, et d’amener leurs dirigeants à rendre des comptes.
Au Bangladesh, la population et les militants locaux utilisent la Loi sur le droit à l’information pour rendre les autorités responsables d’un environnement sûr et durable.
Le défi
L’empiètement illégal d’entreprises sur les rivières et les cours d’eau est une question environnementale majeure au Bangladesh, car cela entraîne une pollution de l’air, de l’eau et des sols. Les déchets industriels et médicaux sont souvent rejetés dans des cours d’eau, ce qui menace la santé des populations alentours.
Les machines non réglementées et illégales servant à décortiquer le riz et le bois sont particulièrement problématiques. Aux termes de la législation bangladaise, ces machines devraient être installées loin des zones habitées en raison du haut niveau de pollution qu’elles engendrent. Néanmoins, ces lois environnementales sont souvent enfreintes, ce qui nuit à la santé des populations alentours. La situation est aggravée par la corruption et le manque de transparence. Les habitants du district de Khulna, qui vivent le long de la rivière Rupsha, craignaient particulièrement que les problèmes de santé de plus en plus fréquents au sein de leur communauté fussent liés à la multiplication de ces machines.
Lier l’accès à l’information et la protection de l’environnement
ARTICLE 19 travaille avec la population bangladaise afin de l’aider à se battre pour une meilleure protection de l’environnement. Nous avons appris aux populations locales à utiliser la Loi sur le droit à l’information. Ainsi, ces personnes, les groupes de la société civile et les militants demandent désormais aux autorités d’expliquer quelles sont les mesures prises pour garantir l’application des lois nationales, ainsi qu’un environnement sûr et durable.
Nous travaillons en étroite collaboration avec ces personnes à travers le pays, y compris dans les districts côtiers vulnérables de Bhola et Cox’s Bazar, les zones boisées de Gazipur et Bagerhat, et les zones côtières de Khulna et Sathkhira, dans le nord. Comme le montre l’affaire Masum Billah (évoquée ci-dessous), revendiquer le droit à l’information est devenu un outil clé permettant à ces populations de réclamer l’application des lois de protection environnementale.
L’issue: « un nouvel outil por amener les autorités locales à rendres des comptes »
Masum Billah est un dirigeant communautaire de la municipalité de Khulna. Il a suivi une formation auprès d’ARTICLE 19 pour savoir comment utiliser la Loi de 2009 sur le droit à l’information au Bangladesh. Depuis, il s’est entretenu avec l’Autorité chargée du développement de Khulna (KDA) et le ministère de l’Environnement pour évoquer les obligations de l’État en vertu de cette loi.
La population vivant le long de la rivière Rupsha a contacté cet homme car elle craignait que des machines à décortiquer le riz et le bois aient été installées sur le territoire dépendant de la KDA sans que les autorisations nécessaires aient été obtenues, ce qui constituait une infraction aux lois environnementales et nuisait à la santé de ces personnes. Masum Billah a demandé au ministère de l’Environnement de lui communiquer la liste complète des machines et usines installées avec ou sans autorisation. Il est alors apparu que la moitié de celles-ci opérait sans avoir reçu l’aval des autorités, engendrant ainsi un risque accru de pollution environnementale et menaçant la santé des habitants.
Le Mouvement social et environnemental – l’organisation de Masum Billah – a intenté une action en justice contre le ministère de l’environnement et la KDA, et milite pour l’enlèvement des machines installées illégalement.
« ARTICLE 19 m’a présenté un nouvel outil pour amener les autorités locales à rendre des comptes quant à leur responsabilité en matière de protection environnementale et d’une meilleure communication des informations. » – Masum Billah, dirigeant communautaire de la municipalité de Khulna.