ARTICLE 19 condamne le maintien en détention de l’universitaire Raouf Farrah et demande sa libération ainsi que l’abandon immédiat de toutes les charges retenues contre lui. Nous demandons instamment aux autorités algériennes de respecter et de faire respecter les droits de l’Homme de Raouf Farrah, tels qu’ils sont garantis par la Constitution algérienne et les normes internationales, et notamment de lui accorder l’accès à des soins médicaux à la suite d’une récente opération du genou.
Le 14 février 2023, le chercheur en géopolitique et contributeur principal de l’ouvrage récemment publié « Algérie : L’avenir en jeux« , Raouf Farrah, de nationalité canado-algérienne , ainsi que son père, Sebti Farrah, ont été arrêtés chez eux à Annaba et placés en garde à vue par la brigade de la gendarmerie d’Annaba. Leur arrestation fait suite à une enquête judiciaire initialement lancée contre la militante Amira Bouraoui, puis étendue au journaliste Mustapha Bendjama.
Selon des informations communiquées par son avocat, le 18 février 2023, Raouf Farrah et son père ont été déplacés à la prison de Boussouf à Constantine tout en niant qu’ils soient détenus dans l’affaire Bouraoui-Bendjama. Le lendemain, ils ont comparu devant le procureur de la République du Pôle Judiciaire Pénal Spécialisé de Constantine, aux côtés du journaliste Mustapha Benjama et d’autres inculpés. Le même jour, ils ont été amenés devant le juge d’instruction de ce même pôle judiciaire pour répondre à leurs accusations.
Le 13 avril 2023, après 61 jours de détention à la prison de Boussouf à Constantine, Sebti Farrah, père de Raouf Farrah, a été libéré pour des raisons médicales. Le 26 juin 2023, suite à une audition détaillée de Raouf par le juge d’instruction du Pôle Judiciaire Spécialisé de Constantine, une troisième demande de libération provisoire a été déposée, citant l’urgence de son état de santé. Sa détention entrave les soins post-opératoires nécessaires à la suite d’une intervention chirurgicale sur son genou gauche, aggravant ainsi l’état de sa blessure.
Raouf est accusé de « Publication d’informations et documents sur un réseau électronique ou autres moyens technologiques de média, dont le contenu est classé partiellement ou intégralement secret » selon les dispositions de l’article 38 de la loi relative à la protection des données et documents administratifs, ainsi que « La réception de fonds auprès d’institutions étrangères ou intérieurs dans l’intention de commettre d’actes qui pourraient atteindre à l’ordre public » selon les dispositions de l’ article 95 Bis du Code Pénal .
ARTICLE 19 rappelle aux autorités algériennes que la liberté d’expression et d’opinion de Raouf Farrah, ainsi que son droit de les communiquer au public, sont protégés par les dispositions de l’article 75 qui dispose que « les libertés académiques et la liberté de recherche scientifique sont garanties ».
ARTICLE 19 appelle à la libération immédiate de Raouf Farrah. Sa santé est en danger et son droit à des soins médicaux appropriés, conforme aux normes internationales, doit être respecté. De plus, en tant qu’universitaire, Farrah doit être en mesure d’exercer librement ses libertés académiques et d’opinion. L’Algérie doit honorer ses engagements internationaux en matière de droits de l’Homme et mettre fin à cette détention injuste.
Une campagne mise en ligne par la famille, les amis et les collègues de Raouf Farrah en Algérie et au Canada a pour but de demander la libération du chercheur-universitaire. Elle trouve son écho dans les journaux canadiens et auprès des universités canadiennes où Raouf a étudié et enseigné.