L’Organisation ARTICLE 19 pour la défense de la liberté d’expression, invite le gouvernement Algérien à s’engager dans de profondes réformes politiques, suite à l’annonce du Président Abdelaziz Bouteflika de renoncer à un cinquième mandat.
La directrice d’ARTICLE19 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Mme Saloua Ghazouani Oueslati, a déclaré :
« Nous saluons la réponse du président Abdelaziz Bouteflika aux revendications des citoyens Algériens à retirer sa candidature aux élections présidentielles prévues pour le 18 avril.
« Il est, toutefois important, que les propositions annoncées par Bouteflika ne lui permettront pas de rester au pouvoir par défaut . »
« Les réformes proposées manquent de clarté et ne vont pas assez loin… Les citoyens algériens ont besoin d’un changement réel qui répond à leurs attentes et qui leur garanti des droits fondamentaux effectifs, parmi lesquels la liberté d’expression.
Suite à l’annonce du président Bouteflika qu’un projet de constitution émanera d’une Conférence nationale inclusive et indépendante et qui sera soumis au référendum populaire, ARTICLE 19 appelle que :
- Une nouvelle constitution qui consacre les droits de l’homme et les libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression, d’information et d’association.
- La création d’institutions indépendantes qui superviseront et garantiront la démocratie.
- La Conférence nationale indépendante doit être ouverte, transparente et inclusive dans ses travaux.
- Une consultation qui inclut la population algérienne et la société civile au sens large. L’État doit garantir que les ONG et la société civile seront exemptes de harcèlement de la part des autorités de l’État.
ARTICLE 19 invite également la levée de l’interdiction des manifestations à Alger, interdites depuis 2001, date à laquelle l’ancien Premier ministre Ali Benflis avait interdit les manifestations à Alger.
Liberté des médias
Durant les manifestations récentes, des journalistes ont déclaré avoir été empêchés de couvrir les manifestations, de même que certains d’entre eux, à Alger, ont été arrêtés au cours des manifestations, mais qui ont rapidement été relâchés.
Il existe de nombreuses restrictions à la liberté d’information en Algérie ; Insulter ou offenser le président, le gouvernement ou les forces armées, constitue une infraction pénale et il existe des lois restrictives sur le blasphème. Des sites Web ont été bloqués en raison de sa violation de « l’ordre public » et de « la pudeur ». Ces dernières années, un certain nombre de journalistes ont été arrêtés pour des publications sur Facebook critiquant les autorités de l’État.
Mme Ghazouani a ajouté ;
« Les réformes politiques doivent s’accompagner d’un engagement qui protège la liberté d’expression, le droit à l’information, la liberté d’association et le droit de manifester »,
« Avec l’avènement de plus de manifestations, nous invitons le gouvernement Algérien à respecter et à protéger le droit de ses citoyens de manifester, d’écouter leurs craintes et leurs aspirations et de mener à bien des réformes réellement démocratiques. »
Background
Les manifestations en Algérie ont commencé en février dans tout le pays suite à l’annonce du président Abdelaziz Bouteflika de sa candidature pour un cinquième mandat. Des milliers d’Algériens sont descendus dans la rue pour exiger le retrait de sa candidature. Le dimanche 10 mars, plus de 1 000 juges ont déclaré qu’ils refuseraient la supervision des élections . Lundi 11 mars, Bouteflika a annoncé dans une lettre aux Algériens qu’il retirerait sa candidature, reporterait les élections et de la tenue d’une Conférence Nationale indépendante et inclusive qui jouit de tous les pouvoirs pour examiner et adopter toutes les réformes et fixant une nouvelle date pour les élections présidentielle. La Conférence Nationale doit s’acquitter de ses taches avant la fin 2019, ce qui veut dire que Bouteflika resterait au pouvoir jusqu’à la fin de l’année.
Notes aux rédacteurs
- ARTICLE 19 est organisation pour la liberté d’expression qui œuvre pour un monde dans lequel toutes les personnes, partout dans le monde, peuvent s’exprimer librement et participer activement à la vie publique sans crainte de discrimination.
- ARTICLE 19 a défini les Principes sur le droit de manifester, qui fixent les normes minimales que les États doivent respecter pour garantir le droit de leurs citoyens de manifester.
- ARTICLE 19 a été fondé en 1987 et compte maintenant huit bureaux dans le monde.
Contact
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